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Comment jouissent les femmes

D'abord, on sourit. En amont de la confidentielle « Journée mondiale de l'orgasme » du 21 décembre – dont le mot d'ordre reste obscur –, l'IFOP publie mercredi 17 décembre une enquête intitulée « Les Françaises et l'orgasme ». Fini de rire dès l'introduction : le sujet est très sérieux. « Les freins et les sources du plaisir féminin sont peu abordés dans les grandes enquêtes sur la sexualité alors même qu'ils constituent une des questions fondamentales de la sexologie contemporaine », explique à juste titre le respectable institut de sondage.

 
 
De grandes questions se posent en effet : l'orgasme féminin est-il vaginal ou clitoridien, le point G existe-t-il et, si oui, où ? L'enquête, financée par le site de « webcams gratuites sexe live » CAM4.fr, et réalisée auprès de 1 006 Françaises représentatives de la population féminine de plus de 18 ans par questionnaires auto administrés sur ordinateur du 25 au 27 novembre, fournit un certain nombre de réponses.

Deux tiers des femmes disent avoir déjà simulé

Enseignement majeur de l'étude : les femmes jouissent moins que les hommes. Une femme sur trois (33 %) dit n'avoir pas eu d'orgasme au cours de son dernier rapport sexuel, soit une proportion cinq fois plus grande que leur partenaire (6 %). Au total, seules 60 % des femmes en couple ont « souvent » un orgasme avec leur partenaire actuel, 27 % « parfois » ou « assez rarement » (8 %) et 5 % jamais. Certaines catégories de femmes disent avoir plus de difficultés à jouir que d'autres : les jeunes de moins de 25 ans, les cadres et professions intellectuelles supérieures, les personnes en surpoids ou obèses.

Au total, seules 6 % des femmes disent avoir un orgasme tous les jours ou presque, 37 % au moins une fois par semaine, 31 % au moins une fois par mois, 7 % moins d'une fois par mois – ces chiffres sont corrélés avec la fréquence de l'activité sexuelle. Résultat : près des deux tiers des femmes interrogées disent avoir déjà simulé l'orgasme au cours de leur vie. La satisfaction sexuelle rejaillit pourtant sur toute la vie de couple : le degré de satisfaction des femmes quant à leur vie sentimentale est étroitement lié à la fréquence de leurs orgasmes, selon l'enquête.

 
 
Après le constat, les causes : la sexualité reste trop « phallocentrée ». « Les techniques de coït les plus pratiquées ne sont pas toujours celles les plus à même de procurer du plaisir à la gent féminine », explicite l'IFOP. Ainsi, la pénétration vaginale, qui est de loin l'acte sexuel le plus pratiqué (83 % des femmes la pratiquent souvent), ne permet d'atteindre l'orgasme facilement que pour 28 % des femmes, contre 38 % dans le cadre d'une pénétration vaginale accompagnée d'une stimulation clitoridienne et 30 % grâce à un cunnilingus.

La stimulation clitoridienne la plus efficace

L'IFOP entend donc livrer ainsi les clés du plaisir féminin : c'est la double stimulation (vaginale et clitoridienne) qui permet au plus grand nombre de Françaises de jouir « très facilement » – mais sa prévalence est deux fois moins importante que la pénétration vaginale seule. L'institut appelle à « relativiser l'opposition classique et désormais désuète entre orgasme vaginal et clitoridien », tout en précisant que les pratiques les plus efficaces pour atteindre l'orgasme impliquent toutes une stimulation du clitoris.

Enfin, l'institut passe en revue les positions les plus adéquates. En numéro 1, le « missionnaire » reste une valeur sûre. Mais les positions où la femme est active, longtemps réprouvées par la morale, sont efficaces, en particulier « l'Andromaque » (où la femme est au-dessus de l'homme) et le « gaufrier » (la femme est allongée sur l'homme). La « levrette », en revanche, bien que très pratiquée, n'arrive qu'au quatrième rang en termes d'efficacité derrière les précédentes. « Cet écart entre sa prévalence et son efficacité tend à renforcer l'idée selon laquelle elle répondrait plus à des fantasmes masculins que féminins », relève l'IFOP. Lacune de cette enquête : elle n'aborde pas le rôle, pourtant réputé essentiel, des préliminaires.

Gaëlle Dupont
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